Le monde célèbre le 17 octobre de chaque année, la Journée internationale pour l'élimination de la pauvreté. Le thème retenu pour 2022 est : « La dignité pour tous dans la pratique ». A cette occasion, le Mouvement Féminin Pour un Congo Fort et Prospère, MFC a lancé officiellement, la campagne nationale « Refonder la nation congolaise ». C’était au cours d’une conférence de presse tenue par la coordinatrice de ce mouvement, Mme Elise Muhimuzi Kindja, lundi 17 octobre 2022, au CEPAS, dans la commune de la Gombe.
En collaboration avec le Comité Nationale Femme et Développement (CONAFED), la Synergie Femmes, Paix et Développement (SYFEP) ; le Forum des Jeunes de la CIRGL (FMI-CIRGL/RDC), le MFC s’est associé à la réflexion nationale et internationale sur l'état de la pauvreté en RDC, surtout les inégalités de plus en plus criantes qui frappant les couches sociales fragiles, notamment les femmes et les jeunes.
En effet, Le MFC est un réseau d'associations, des ONGD et des personnes ressources qui s'investissent, chacune à son niveau, dans la lutte pour l'élimination de la pauvreté en RDC. « Il ne s'agit pas d'une structure féministe, mais d'un regroupement se développant pour l’intégration du genre dans tous les secteurs de la vie. Ces femmes et ces hommes se réunissent régulièrement afin de définir des actions à mener sur terrain pour atténuer les vulnérabilités de la population congolaise, dont la fragilisation ainsi que celle du pays et de la conscience individuelle et collective a atteint un niveau très préoccupant », a fait savoir la Coordinatrice de ce mouvement.
Il sied de noter que malgré les efforts fournis par le gouvernement en matière de la lutte contre la pauvreté, la RDC est restée, depuis une cinquantaine d'années, dans la zone rouge. La Banque Mondiale note qu'elle est l'une des cinq nations les plus pauvres du monde. En 2021, près de 64 % de la population du pays (un peu moins de 60 millions de personnes) vivait avec moins de 2,15 dollars américains par jour. Ainsi, près d'une personne sur six en situation d'extrême-pauvreté en Afrique subsaharienne vit en RDC ». Elle est comme tétanisée dans une économie dite de crise, c'est-à-dire de survie, stagnante, incapable de créer des richesses et de les partager, avec équité, entre toutes ses citoyennes et tous ses citoyens.
Par ailleurs, en RDC, dans la première décennie de l'an 2000, plusieurs réformes ont été menées dans différents secteurs de la vie. C'est l'époque des codes (forestier, minier...). Sur cette lancée, deux outils majeurs ont été produits, avec la participation des parties prenantes, dont la société civile et les communautés locales: le Document intérimaire de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP-1) et le Document de Stratégie de Croissance et de Réduction de la Pauvreté (DSCRP-2). Des gouvernements se sont succédé et ont déroulé leurs programmes, mais, en 2015, à l'évaluation de la mise en œuvre des OMD, la RDC était très en deçà des prévisions. Au regard des résultats mitigés notés dans la plupart des pays pauvres, l'ONU a aussitôt défini une autre politique globale: les Objectifs du Développement Durable (ODD, 2015-2030).
Sur ce, le gouvernement congolais a aussi relancé le travail avec toutes les parties prenantes et produit le Plan National Stratégique de Développement (PNSD), devant être l'ossature de toutes les actions de développement. Dans ce document, le Mouvement a notamment retenu que la RDC devra obtenir le statut de pays à revenu intermédiaire en 2028 (PIB/hab 1.050 USD), atteindre le statut de pays émergent en 2040 (PIB/hab 4.000USD), rejoindre le club des pays développés en 2050 (PIB/hab 12.000USD), a souligné Mme Elise dans sa communication.
Elle a en outre indiqué que depuis plus de deux ans, le Mouvement se penche sur ce narratif. Des séances de travail ont été tenues avec des experts, des associations, des étudiants, des groupes proches des confessions religieuses et des partis politiques et du secteur privé aussi bien à Kinshasa qu'en provinces dans le seul but de cerner la cause de l'incapacité de la RDC à démarrer. Deux importantes conclusions ont été tirées de ces nombreux échanges et fondent la Vision du Mouvement sur le devenir de la RDC. « Il s’agit entre autres, de la carence, voire une absence de leadership et de gouvernance forts ainsi que de travailler sur l’homme congolais.
Comme actions à mener, le Mouvement tient à déconstruire l'homme congolais actuel pour engendrer un homme congolais autre, soucieux de soi et, surtout, de l'autre congolais.
Avec la « Campagne Nationale Refonder la Nation Congolaise », le Mouvement veut non seulement amener toutes les parties prenantes au développement en RD-Congo à intégrer réellement ces dimensions dans leurs approches mais aussi, à les vulgariser et les faire approprier par tous.
Pistes de travail du Mouvement
Selon la coordinatrice du MFC, le Mouvement se concentre sur un credo à quatre volets et invite toutes les parties prenantes au développement durable de la RDC à enrichir ces options. Il s’agit de la sensibilisation, la vulgarisation et un plaidoyer vers les ministères sectoriels et les entités politico-administratives fragiles; renforcer les capacités d'entreprendre et de s'investir dans les activités économiques pour l'autonomisation et pour réinventer les rapports de genre; tout individu, toute communauté sera outillé afin de lui permettre de créer des revenus durables; promouvoir l'accès des membres des groupes vulnérables, particulièrement les femmes et les jeunes, à toutes les instances de prise de décisions, dans tous les secteurs de la vie, afin d'instaurer un autre leadership local, provincial et national.
« Tous ces paramètres doivent amener à vaincre, dans le chef des Congolaises et Congolais, la peur de créer, la peur de parler et de dénoncer, la peur de gérer, la peur de diriger, la peur d'être élu », a-t-elle insisté. Et d'annoncer que, désormais, chaque année, le 17 octobre connaîtra en RDC des manifestations promouvant la marche irréversible vers l'élimination de la pauvreté et l'amorce vers le développement durable.
Génie Mulobo