« Au Kongo Central, nous sommes victimes de spoliation des terres depuis un certain temps », a déclaré Mme Annie Thérèse Mbadu, secrétaire permanente du Réseau Femme et Développement du Kongo Central à la clôture du Forum national du mouvement féminin tenu à Matadi.
Prenant la parole au nom des femmes de cette contrée, elle a fait savoir que le Kongo Central est une province à vocation agricole, dont plus de 70% des paysans sont des femmes. D'où la terre et l’eau sont les plus grandes richesses de cette partie du pays. « C’est un patrimoine avec tous ce qu'elle renferme et nous avons le devoir de protéger le "Kongo dieto". Nous avons fait un constat selon lequel, avant c'était les belges qui avaient pris des terres, ils y avaient implanté leurs entreprises, qui, aujourd'hui ont fermé les portes, mais ces derniers ne savent pas restituer ces terres aux ayant-droits. Actuellement, c'est les phénomènes "grandes puissances" en provenance de Kinshasa et d’ailleurs qui apparaissent comme des extraterrestres avec leurs bœufs pour récupérer les terres qu'ils ont acheté auprès des inconnus et ils les achètent de manière occulte. Il nous arrive de se réveiller un bon matin, chassés, les champs et villages récupérés par des inconnus. Tout ça parce qu'il y a un politicien riche qui a acheté des hectares des terres y compris vos villages et vos biens.», a-t-elle souligné.
Selon la source, le cas récent est celui des villageois du secteur de Boko Kivulu dans le Madimba non loin de Kisantu, qui ont été déguerpis et passent des nuits dans le bâtiment du secteur, hommes, femmes et enfants, parce qu'un riche a besoin d’avoir beaucoup d’hectares au Kongo Central, comme si cette province était inhabitée.
Un autre problème, a-t-elle indiqué, est celui de grands projets tel que l'implantation des cimenteries dans le territoire de Songololo qui renforcent la pollution et la spoliation des terres, sans oublier les barrages d'Inga 1 et 2, ainsi que Inga 3 et grand Inga. « Des projets qui viennent appauvrir les populations surtout villageoises et qui vont renforcer des conflits fonciers qui existent déjà dans nos villages entre familles.
Voilà pourquoi, nous demandons au gouvernement central de privilégier les intérêts des communautés dans tous les projets, d'y promouvoir la protection de nos ressources naturelles ( terres, eaux, sous-sol et autres), car la vie des êtres humains en dépend », a dit Annie Mbadu.
Pour le Kongo Central et d’autres provinces, le REFED Kongo Central recommande aux gouvernements tant provinciaux que central de réviser les lois foncier et agricole, sans oublier la loi des hydrocarbures en faveur des communautés locales, en tenant compte du Genre. Aussi, aux gouvernants de tenir compte des déclarations des femmes paysannes du territoire de Lukula, cultivatrices de riz qui sont menacées par une certaine grande puissance qui s'accapare des terres où elles ont leurs champs.
Génie Mulobo